Les auteurs

Luigi Delia

delia.jpgAncien élève du Collegio Superiore  de l'Università degli Studi di Bologna, Luigi Delia est collaborateur scientifique du professeur Martin Rueff à l’Université de Genève (FNS/Encouragement de projet) et directeur de programme au Collège International de Philosophie de Paris.

I. INTERETS DE RECHERCHE

Après des études doctorales consacrées à la question de la vérité chez Descartes (Bologne-Dijon, 2003-2007), étudiée sous l'angle de l'épistémologie, de la métaphysique et de la morale, Luigi Delia développe des recherches sur la culture politique et juridique des Lumières, ainsi que sur la philosophie pénale moderne et contemporaine.

D'une part, ses travaux sur les encyclopédies des Lumières cherchent à renouveler les études sur la justice des Lumières, traditionnellement dominées par les grandes figures de Montesquieu, de Rousseau, de Beccaria et de Voltaire. Les encyclopédies offrent une image globale de cette matière prodigieusement ramifiée qu’est le droit, tout en prenant une part active aux débats d’idées à propos de la construction de l’Etat de droit. L’analyse de la nomenclature des dictionnaires raisonnés, en tête l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, a permis à Luigi Delia de reconstruire un panorama critique des grands questionnements politiques et juridiques  à l’aube de l’épisode révolutionnaire: ainsi pour les principes et l’usage contestataire du droit naturel, les débats sur la guerre juste et sur l’abolition de l’esclavage, les discussions sur les sources de l’obligation et sur la nécessité d’une unification des lois, les controverses autour du droit de punir... Autant de thèmes qui nous aident à mieux comprendre les enjeux des débats contemporains sur les rapports entre le pouvoir et les droits. 

D’autre part, ses recherches autour de la justice pénale, de Beccaria à Foucault, se sont focalisées sur la critique des principes de la peine, sur les controverses à propos de la peine de mort, sur des questions de procédure criminelle (la torture judiciaire), ainsi que sur l’herméneutique de la prison légale: modèles d’explication du développement du pénitentiaire, sens et non-sens de la privation de liberté comme peine, refléxion sur les conditions d’un dépassement de la logique de l’enfermement au profit de nouvelles formes de justice..

 

II. PARCOURS 

Luigi Delia a été post-doc de l'Université de Milan et du Centre Chevrier de l'Université de Bourgogne (2007-2009), ensuite chercheur invité de l’Ambassade de France à Rome et Junior Fellow de l'Institut for Advanced Study-The Collegium of Lyon (2011), puis lauréat des Laboratoires d’Excellence de la Sorbonne, du CNRS et de l’École Normale Supérieure de Lyon (2011-2013). Il a enseigné l'Histoire de la philosophie dans les universités de Bologne et de Dijon, et la philosophie du droit au "Collegio Superiore" de l'Université de Bologne et à l'Université de Lyon 3.

Auteur de nombreux livres scientifiques, dont l’ouvrage Droit et philosophie à la lumière de l’Encyclopédie (Oxford, Voltaire Foundation, 2015), il participe à l'Edition Numérique Collaborative et CRitique de l'Encyclopédie (projet ENCCRE, soutenu par l'Académie des Sciences de Paris), à l'Atelier Panckoucke Encyclopédie Méthodique (APEM - CNRS), ainsi qu'aux chantiers des Œuvres complètes de Rousseau (Paris, Classiques Garnier) et de Montesquieu. Tutte le opere (Milan, Bompiani).

Son projet de recherche à l’Université de Genève porte sur "Le Code de l’humanité ou la législation universelle de De Felice (1778) et l'herméneutique juridique des Lumières". 

III. PROJET DE RECHERCHE

À l’âge d’or des dictionnaires et de l’esprit émancipateur des Lumières, au siècle de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert et de l’affirmation européenne du langage des droits naturels de l’homme, un foisonnant recueil encyclopédique est publié à Yverdon, en 1778, sous la houlette de l'éditeur-philosophe De Felice : le Code de l’humanité ou la Législation universelle, naturelle, civile et politique, avec l’histoire littéraire des plus grands hommes qui ont contribué à la perfection de ce code. En grande partie extraits de l’Encyclopédie protestante d’Yverdon, les 13 volumes de discours du Code de l’humanité se singularisent dans la lexicographie philosophique de l’époque en ce qu’ils constituent la première encyclopédie thématique consacrée à la morale et au droit. 

Encadré par les révolutions américaine et française, le Code de l’humanité est le point de rencontre de cultures philosophiques et juridiques différentes : ses articles raisonnés, à la fois antimatérialistes et anticatholiques, cherchent à faire dialoguer, selon l’ordre de l’alphabet, la doctrine jusnaturaliste du professeur genevois Jean-Jacques Burlamaqui, les principes fondamentaux du calvinisme et les cultures juridique et politique des Lumières européennes. Dédicacé au roi de Suède Gustave III et diffusé principalement dans l’Europe réformée du Nord, célébré aux États-Unis par Thomas Jefferson, le Code de l’humanité se heurte à la concurrence de l’entrepreneur Panckoucke dans le marché français du livre.

Ce projet a pour ambition de donner une nouvelle vie et une nouvelle actualité à ce massif de l'encyclopédisme des Lumières helvétiques qui n'a pas encore la reconnaissance qu'il mérite. Pour atteindre ce but général, trois actions scientifiques sont envisagées : d'abord, la rédaction d'un essai critique élucidant tant les contextes que les enjeux philosophiques et politiques de l'oeuvre. Ce travail critique permettra également de sélectionner et de rassembler les textes-clé du Code de l'humanité dans une édition anthologique enrichie d'annotations et d'indications bibliographiques. Enfin, une troisième opération vise à rétablir la table analytique des entrées qui fait défaut à l'encyclopédie. Muni de cette nomenclature savante et technique, le chercheur chevronné comme l'amateur éclairé pourront se répérer plus aisement. 

Avec son approche critique et historique, le projet intègre des sources, des méthodes et des analyses liées à l’herméneutique juridique et à l’histoire des idées, du droit, de la philosophie politique et de la lexicographie philosophique.  

IV. PRODUCTION SCIENTIFIQUE

1.    Livres

L. Delia, Droit et philosophie à la lumière de l'Encyclopédie, Oxford, Voltaire Foundation, 2015. URL: http://xserve.volt.ox.ac.uk/VFcatalogue/details.php?recid=6605

L. Delia (dir.), « Prison et droits : visages de la peine », L’Irascible, Revue de l’Institut Rhône-Alpin de Sciences Criminelles, n°5, Paris, L’Harmattan, 2015. URL: http://tristan.u-bourgogne.fr/CGC/chercheurs/Delia/Prison%20et%20Droits_%20L'IRASCible_5.pdf

L. Delia et C. Volpilhac-Auger (dir.), (Re)lire L’Esprit des lois, Paris, Presses Universitaires Paris Sorbonne, 2014. URL: http://www.publications-sorbonne.fr/fr/livre/?GCOI=28405100566180&fa=author&person_ID=6051

L. Delia, N. Campagna et B. Garnot, La torture, de quels droits ? Une pratique de pouvoir (XVIe-XXIe siècle), Paris, Imago, 2014. URL: http://www.editions-imago.fr/listeauteur.php?recordID=410&categorie=Histoire%20de...

L. Delia et A. Zygel-Basso (dir.), L’Europe et le monde colonial au XVIIIe siècle, avec une préface de J. Mondot, Paris, H. Champion, 2013. URL: http://www.honorechampion.com/fr/champion/8142-book-08532508-9782745325082.html

L. Delia et E. Groffier (éds.), La vision nouvelle de la société dans l’Encyclopédie méthodique. Vol. I, Jurisprudence, avec une préface de J. Boulad-Ayoub, Québec, Presses de l’Université Laval, 2012. URL: https://www.pulaval.com/produit/la-vision-nouvelle-de-la-societe-dans-l-encyclopedie-methodique-volume-i-jurisprudence

L. Delia et G. Radica (dir.), Penser la peine à l’âge des Lumières, dossier de Lumières, n°20, Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux, 2012. URL: https://criminocorpus.hypotheses.org/6127

L. Delia et F. Hoarau (dir.), La peine de mort, dossier de Corpus, revue de philosophie, n° 62, 2012. URL: http://revuecorpus.com/som62.html

L. Delia et F. Hoarau (dir.), L’esclavage en question regards croisés sur l’histoire de la domination, avec une préface de P. Bodineau, Dijon, Publication du Centre Georges Chevrier, 2010. URL: http://www.fabula.org/actualites/l-delia-et-f-hoarau-dir-l-esclavage-en-question_37560.php

2. Articles (choix)

L. Delia, « The Enlightenment, Encyclopedism and the Natural Rights of Man: The Case of the Code of Humanity (1778) », in M. Davies (dir.), Thinking about the Enlightenment. Modernity and its Ramifications, New York-London, Routeledge, 2016, chap. 3 (https://www.routledge.com/products/9781138801820).

L. Delia, « Le problème du suicide chez Montesquieu », Montesquieu.it, Università degli Studi di Bologna, [en ligne] URL : http://montesquieu.unibo.it/article/view/5858.

L. Delia, « Sens et non-sens de la prison », in Id. (dir.), L’Irascible, 5, « Prison et droits : visages de la peine », Paris, Campus Ouvert / L’Harmattan, 2015, p. 7-43.

L. Delia, « Entre Domat et Beccaria : Muratori et la codification du droit », Archives de philosophie du droit, 57, 2014, p. 551-562.

L. Delia, « Biyao zhi e? Xingxun wenhe tichangzhe zhi jinxi » 必要之惡刑訊溫和提倡者至今昔 [« Un mal nécessaire ? Les défenseurs modérés de la torture hier et aujourd’hui », traduit en chinois par Xu Xiaowei], in Chai Jianhong Sun Jiahong, Luca Gabbiani (dir.),法国汉学 / Sinologie française, Chinese journal, Pékin, École Française d’Extrême Orient, 16, 2014, p. 312-325

L. Delia « Descartes, Montaigne : "Aimer la vie, sains craindre la mort" », Montaigne Studies, 25, dossier dirigé par N. Panichi et M. Spallanzani, Chicago, 2013, p. 139-149.

L. Delia, « Le droit dans l’Encyclopédie. Cartographies, enjeux, contributeurs », Recherches sur Diderot et sur l’Encyclopédie, 48, 2013, p. 89-113.

L. Delia, « Les Lumières et la crainte », Mémoires de l'Académie de Dijon, tome 145, 2013, p. 281-293.

L. Delia, « L’Encyclopédie et le “code Montesquieu”  », Cahiers Montesquieu, 10, dossier dirigé par L. Bianchi et R. Minuti, Naples, Liguori, Oxford, Voltaire Foundation, 2013, p. 99-112.

L. Delia, « Encyclopédisme et peine de mort. Les cas de l'Encyclopédied'Yverdon, du Répertoire de jurisprudencede Guyot et de l'Encyclopédie méthodique»,Corpus, revue de philosophie, 62, dossier dirigé par L. Delia et F. Hoarau, 2012, p. 245-264.

L. Delia, « "Tout est mal"? Leopardi, Leibniz et la querelle de l’optimisme », Diagonale Phi, 7, 2012, p. 29-44.

L. Delia, « La science des lois et ses formes encyclopédiques », Studi Filosofici, XXXV, 2012, p. 136-151

L. Delia, « La peine de mort dans l’Encyclopédie et ses Suppléments », Revue Française d'Histoire des Idées Politiques, 35, dossier dirigé par C. Volpilhac-Auger, 2012, p. 93-107.

L. Delia, « Illuminismo e giustizia penale: il caso della ghigliottina », Studi Filosofici, XXXIV, Naples, 2011, p. 155-168.

L. Delia, « Guerre juste et droit de la guerre dans l’Encyclopédie », Montesquieu.it, 2, Bologne, CLUEB, 2010, p. 94-108.

L. Delia, « Crime et châtiment dans l’Encyclopédie. Les enjeux de l’interprétation de Montesquieu par Jaucourt », Dix-huitième siècle, 41, 2009, p. 469-486.

L. Delia, « Generosità e parricidio. Descartes e l’Horace di Corneille », Dianoia, 11, Bologne, 2006, p. 113-139.

3.   Chapitres d'ouvrages (choix)

L. Delia, « Antoine Gaspard Boucher d'Argis (1708-1791) », Les collaborateurs de l'Encyclopédie, projet d'Edition Numérique Collaborative et CRitique de l'Encyclopédie, URL: http://enccre.academie-sciences.fr/encyclopedie/enc_collaborateurs_boucher_dargis.php

L. Delia, « Qu’est-ce que les Lumières ne sont pas ? Jaucourt et les visages de la peur », in G. Barroux et F. Pépin (dir.), Le chevalier de Jaucourt. L’homme aux dix-sept mille articles, Paris, Société Diderot, 2015, p. 105-118.

L. Delia, « Justice naturelle et conscience morale selon le Code de l’humanité », in B. Garnot et B. Lemesle (dir.),La justice entre droit et conscience du XIIIe au XXIe siècle, Dijon, Editions universitaires de Dijon, 2014, p.61-70.

L. Delia, « Descartes et l’Ethica ad tempus. Considérations en marge de la traduction latine de la morale par provision », in Ch. Le Blanc et L. Simonutti (dir.), De la traduction parfaite. Philosophie et art du traduire du XVIe au XVIIIe siècle, Genève, Droz, Travaux d’Humanisme et Renaissance, 2014, p. 477-496

L. Delia, « Tortura e giustizia penale : il punto di vista degli encyclopédistes », in D. Ippolito (dir.), La libertà attraverso il diritto. Illuminismo giuridico e questione penale, Naples, Editoriale Scientifica, 2014, p. 93-113.

L. Delia, « “La Question vous paraîtra un acte d’humanité”. Diderot versus Beccaria », in N. Campagna, L. Delia, B. Garnot (dir.), La torture, de quels droits ? Paris, Imago, 2014, p. 35-50.

L. Delia, « Le droit par alphabet. Remarques sur la classification encyclopédique du droit (1751-1791) », in ARTFL-Encyclopédie en ligne, éd. R. Morrissey, University of Chicago, 2014. URL: http://encyclopedie.uchicago.edu/content/working-papers

L. Delia, « Le détournement de la pensée des Lumières dans le traité De la nécessité d’adopter l'esclavage en France (1797) », in L. Delia et A. Zygel-Basso (dir.), L’Europe et le monde colonial au XVIIIe siècle, Paris, H. Champion, 2012, p. 115-134.

L. Delia, « L’encyclopédisme du Dictionnaire de droit et de pratique de Ferrière », in M. Groult (dir.), Les encyclopédies. Construction et circulation du savoir de l’Antiquité à Wikipédia, Paris, l’Harmattan, 2011, p. 329-343.

L. Delia, « Jaucourt, Montesquieu et la discipline du Droit naturel dans l’Encyclopédie », in G. Chazal (dir.), Les Lumières et l’idée de nature, Dijon, Éditions universitaires de Dijon, 2011, p. 139-153.

L. Delia, « “Quello non era un professore come gli altri”. Montanelli, Marella e la filosofia del cuore », in V. Lagioia (dir.), Li avrete sempre con voi. Povertà antiche e nuove, Bologna, Pàtron, 2010, p. 148-153.

L. Delia, « La torture judiciaire dans l’Encyclopédie », in M. Granada, R. Rius, P. Schiavo (dir.), Filosofos, filosofia y filosofias en la “Encyclopédie” de Diderot y d’Alembert,  Barcelone, Editions de l’Université de Barcelone, 2009, p. 175-188.